Henri Pousseur : prince Icare


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Henri Pousseur a toute sa vie oeuvré à l'émancipation des interprètes et à la libération des frontières entre les genres musicaux. Il a proposé des codes d'ouverture révolutionnaires qui restent d'une modernité incontestable comme en témoigne le coffret "Prince Icare".

À l'initiative de Jean-Pierre Peuvion, disciple et proche de Pousseur,  le label de musiques singulières Homerecords, vient de publier un coffret de 2 CD et 1 DVD consacrés aux formes ouvertes du compositeur et intitulé "Prince Icare". Icare était en effet pour Pousseur symbole de liberté, d'envol, d'émancipation. Il affirmait qu'il était désormais impossible pour Icare de retomber, confiant dans la technologie qui a forcément conçu une cire qui ne fonde pas au soleil...

Henri Pousseur (1929-2009)

Après s'être imposé comme un des grands représentants de la musique sérielle, Pousseur s'est aventuré dans tous les domaines de la musique de la seconde moitié du 20e siècle : musique électronique, musique électro-acoustique, œuvres « mobiles »... Il est aujourd'hui considéré comme le fondateur du postmodernisme musical, entre autres avec Repons (1960) et Votre Faust (1968), deux œuvres dont l'exécution requiert la participation du public. Parfait bilingue, humaniste convaincu, il fut l'interface entre deux autres figures essentielles de la musique contemporaine : Pierre Boulez et Karlheinz Stockhausen. 

Henri Pousseur fut aussi très influent comme pédagogue. Au Conservatoire de Liège puis à l'Université de Liège, où il a enseigné de 1975 à 1994, il s'est imposé comme le champion du décloisonnement des champs esthétiques. Au Conservatoire, il créa les cours d'improvisation, de musique électronique ou de jazz, tandis que dans notre université, il fonda au sein du département d'Information & Communication, une section d'Art et Science de la Musique. Il faut aussi signaler que Henri Pousseur était un magnifique être humain. Dans les cours qu'il a dispensés à l'Université, ses étudiants ont pu apprécier son inépuisable curiosité, sa générosité et son humanité. Il avait en outre un incroyable pouvoir d'émerveillement qui lui permettait de délivrer des œuvres pleines d'optimisme, même dans les situations les plus difficiles.

L'Université lui a décerné les insignes de docteur honoris causa à titre posthume en septembre 2009 et a baptisé une salle du complexe Opéra-Amphithéâtres en son honneur. Elle a aussi soutenu la création du coffret "Prince Icare".

Les formes ouvertes

Ce n'est qu'aux 18e-19e siècles que la formation musicale établit un cloisonnement entre les interprètes et les compositeurs.  Avant cela, les musiciens n'étaient pas uniquement des exécutants. C'est cette coupure radicale que Pousseur a combattu avec ses formes ouvertes dans les années 60-70, période heureuse et effervescente où tous les arts tendaient vers une extraordinaire liberté. 

En musique, les compositeurs sont alors très influencés par John Cage,  qui a été le premier à introduire des phénomènes incontrôlés dans ses compositions. Le degré d'ouverture des oeuvres créées à cette période peut être très variable, allant de la quasi-improvisation à des formes très peu ouvertes, comme celles de Boulez.

Chez Pousseur, la forme ouverte est conçue comme un voyage poétique, mais structuré. Les interprètes jouissent d'une certaine liberté, mais dans une structure bien établie par le compositeur. Les formes, écrites avec une intention d'émancipation, permettent aux interprètes de s'exprimer dans un cadre déterminé.

 

coffret Pousseur

Teaser du coffret "Henri Pousseur - Prince Icare" 

© homerecords.be 2020 - 2024 Interview bonus de Henri Pousseur extraite du documentaire "Les itinéraires de Henri Pousseur" de André Thiel et Joseph Benedek (RTB 1978)
 

Henri Pousseur Prince Icare

En savoir + sur Henri Pousseur (Magazine Culture, 2009)

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