L'oeuvre de Wuidar a-t-elle profité d'une erreur d'un ouvrier ?


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Photo ©Jean-Michel Bourdoux

Le Labyrinthe installé en 1987 près de l'entrée du bâtiment de la Faculté de Psychologie, Logopédie et Sciences de l'Éducation comporte toute une série d’allusions aux réflexions et recherches qu’on y mène. 

LABYRINTHE de Léon Wuidar Photo Francine Brouillet

Photo ©Francine Brouillet

Tout d’abord, la forme est très symbolique. Wuidar aime l’idée qu’un labyrinthe puisse représenter un parcours sacré, un cheminement plein de fausses routes et d’impasses, pour atteindre ce qu’on espère trouver...   

« (…) le labyrinthe n'est jamais pur exercice formel. Sa complexité répond à une intention, souvent dissimulée, de révélation, voire d'initiation secrète. Sa résolution obligatoirement lente est synonyme d'accession à des connaissances et savoirs insoupçonnés du commun. (...) Nulle possibilité de brûler les étapes du labyrinthe au risque de se perdre et de tout perdre ! Tel est aussi l'art de Léon Wuidar ».

Pierre-Olivier Rollin, “Léon Wuidar, l'architecte des labyrinthes”, dans Léon Wuidar, catalogue d'exposition, Musée Félicien Rops, Namur, 1999

 

S'il est inspiré du labyrinthe de la cathédrale d'Amiens, celui de Wuidar possède deux accès, mais ne permet jamais d’atteindre son centre. Faut-il y voir une invitation à “sauter le mur, à risquer la transgression” comme le suggère le poète Francis Édeline ? À méditer... 

errare humanum est Photo Claude Sottiaux

Photo Claude Sottiaux

Le centre en question abrite un cube noir qui fait écho à la Ka'aba de la Mecque ou aux monolithes noirs de 2001, Odyssée de l'espace, de Stanley Kubrick. Ce cube est marqué, du côté visible depuis le bâtiment, du Ψ de Ψυχή (le souffle, l'anima, l'âme). Encore un clin d’oeil à la psychologie et au sacré... 

Quant à la phrase latine “Errare humanum est” [l’erreur est humaine] gravée dans la dernière contre-marche de l’escalier qui mène à l’oeuvre, c’est évidemment un nouveau sujet de réflexion pour les psychologues.  Mais elle révèle en réalité une erreur de calcul des maçons. En effet, quand les ouvriers ont construit l’escalier, ils ont involontairement laissé une différence de 5 cm entre la dernière marche et l’oeuvre. Léon Wuidar a comblé l’espace avec une dalle de marbre gravée de l’inscription, ce qui permettait un dernier clin d’oeil... Finalement, l’erreur était plutôt bienvenue. 

 

Léon Wuidar, Labyrinthe, Marbre et granit,  h.80, L. 80, l. 80 cm (cube),  diamètre : 700 cm (terrasse),  1987 

En savoir +

Wuidar parle de son Labyrinthe (vidéo macs)  

The Collections of the Open-air Museum

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