Des outils modernes peuvent-ils corriger des erreurs du passé ? 


PLeod2-detail


Le papyrus P.Leod. [Papyri Leodienses, papyrus liégeois] inv. 2 a été acheté au Caire en 1954 et restauré en 2004 avant d’être édité en 2018.  Il comporte 23 lignes de texte en grec et quelques restes d’une ligne sur le verso. Mais ce texte est très difficile à déchiffrer d’une part en raison de l’écriture cursive (les caractères sont liés les uns aux autres) et des abréviations, mais aussi et surtout en raison de l’état de conservation du document.

Il arrivait souvent, en effet que les papyrus soient recyclés dans les cartonnages stuqués et peints qui recouvraient les momies. Notre papyrus P.Leod. inv.2 provient de toute évidence d'un de ces cartonnages, comme le prouvent notamment les traces de colle antique et d’abrasions.

Malgré ses lacunes et son mauvais état, les chercheurs ont pu en proposer une lecture partielle dès après l'achat. Ils ont même pu en proposer une datation car le document comporte des restes d’une titulature impériale : On peut lire en effet  Tiberiou qui évoque immédiatement le deuxième empereur romain, Tibère, qui a régné de 14 à 37 de notre ère.

Au moment de son édition en 2018, le papyrus a été réexaminé avec, cette fois, un microscope électronique sophistiqué. Et – surprise ! – à côté de Tiberiou, les payrologues ont pu lire le mot Klạ̣ụḍ[  qui était jusque-là invisible.

Or cette découverte rend caduque la datation du début car le seul empereur dont la titulature commence par Tiberiou Klaudiou, c’est l’empereur Claude (Tiberiou Klaudiou Kaisaros Sebastou Germanikou Autokratoros : Tibère Claude César Auguste Germanicus Empereur), qui a régné de 41 à 54 de notre ère.

L'évolution des techniques a ainsi permis de corriger des hypothèses du passé. Ce qui démontre une fois de plus l’importance de conserver les originaux et ne pas se contenter de leur version numérique si précise soit-elle. Qui sait ce que l’avenir rendra possible ? 

Papyrus Collections

PLeod2

Share this page