Comment se divertissait-on dans les salons au 18e siècle ?  


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Depuis des siècles, l’être humain a développé un goût prononcé pour le divertissement et une véritable soif de connaissance. Le zograscope est apparu vers 1745 en Angleterre et a connu une certaine popularité jusqu’au XIXe siècle. Cet appareil d’optique composé d’une lentille biconvexe, d’un pied en bois et d’un miroir incliné à 45° permettait aux « spectateurs » de découvrir le monde grâce à des gravures appelées « vues d’optique ». Les représentations de lieux exotiques et d’architecture de monuments remarquables rencontraient beaucoup de succès, garantissant une expérience de découverte et d’évasion.

Ces vues d'optique étaient gravées à l'eau-forte et ensuite coloriées à la main soit chez l’éditeur, soit par le propriétaire de la gravure. Pour obtenir l’illusion de profondeur, les graveurs devaient accorder une attention particulière aux lignes droites, tout en veillant à accentuer les lignes horizontales de la composition. Les détails de texture tout comme les jeux d’ombre et de lumière n’étaient généralement pas rendus, seul le coloriage pouvait suggérer certains effets.  

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Johann Baptist Bergmüller, Vue de la grande église de Saint-Lambert à Liège, gravure à l'eau-forte aquarellée, seconde moitié du XVIIIe siècle, Musée Wittert ULiège, inv. 1459

 

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Franz Xaver Habermann, d’après Quilielm Baur, Vue persane à Ispahan, gravure à l'eau-forte aquarellée, seconde moitié du XVIIIe siècle, Musée Wittert ULiège, inv. 37284

 

Ces illustrations, dont certaines étaient tirées à des milliers d’exemplaires, se vendaient également pour leurs seules qualités esthétiques. Ainsi, les titres étaient écrits à la fois à l’endroit et à l’envers, pour qu’ils puissent être lus avec ou sans appareil d’optique. Le but des éditeurs était de pouvoir assurer l’écoulement le plus large possible de leur production. 

Les vues d'optique sont à placer à plat, au pied de l’appareil : le miroir redresse la gravure, tandis que la lentille agrandit l’image. L’effet obtenu est une impression de relief et de profondeur, pour autant que la gravure ait été réalisée selon les principes de la perspective linéaire.  

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J.F. Cazenave d’après Louis-Léopold Boilly, Portrait de Louise-Sébastienne Gély avec un enfant devant un zograscope,
estampe, 1794, Amsterdam, Rijksmuseum. Photo ©Peccadille - Wikimedia Commons
 

C’est à Augsbourg, Paris, Bassano et Londres que se concentre l’édition de ces estampes. Les vues d’optique se développent à une époque qui connaît de nombreux progrès scientifiques, notamment en matière d’optique. Touchant d’abord un public aristocratique, elles font partie des jeux de salon, comme les anamorphoses, les lanternes magiques ou les ombres chinoises et assurent l’instruction en permettant d’effectuer un voyage imaginaire. Elles se répandent rapidement à travers toute la population, notamment par le biais des colporteurs, qui en faisaient démonstration dans les foires, les marchés et sur les places de village. Tout comme le cinéma aujourd’hui, le zograscope était « un spectacle », une occasion de s’évader de son quotidien. Plus tard, la lanterne magique, puis la photographie le feront progressivement tomber dans l’oubli.  

 Cet objet insolite est présenté dans l'exposition semi-permanente du Musée Wittert « Curiosités & voluptés », où il est possible de tester ce dispositif pour observer une des nombreuses vues d’optique que conserve le musée. 

 

Les collections du Musée Wittert 

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