Pourquoi l'enfant néanderthalien d'Engis a-t-il de l'ADN de chèvre ?


001 - Crâne de l'enfant neandertalien

En 1829, un médecin formé à l’Université de Liège fouille les anciens dépôts emprisonnés dans des grottes en province liégeoise. Il y découvre des fossiles d’animaux aujourd’hui disparus et typiques des périodes glaciaires précédant notre ère : des dizaines de rhinocéros laineux, des lions des cavernes, des hyènes des cavernes, des cervidés, etc.

Mais surtout il dégage un objet rond, d’environ 20 cm de diamètre. C’est le crâne apparemment complet d’un enfant humain ! Mais le fossile se désagrège dans ses mains, en plusieurs dizaines de morceaux. Philippe-Charles Schmerling (car c’est de lui qu’il s’agit) récupère ce qu’il peut et tentera ensuite de réparer ce fossile exceptionnel.  

Il tire de cette découverte une conclusion impensable à l’époque mais néanmoins juste : l’être humain est ancien, plus ancien que ce qu’on pensait jusque-là, et il a vécu avec ces animaux par le passé !

Mais ni Schmerling, ni ses contemporains, n’étaient prêts en 1829 à accepter l’existence d’autres espèces d’êtres humains et il a fallu attendre la découverte des célèbres fossiles de la vallée du Neander en 1857 pour que ce fait soit évident. Si les scientifiques de l’époque avaient compris l’importance de la découverte de Schmerling, le Néanderthalien s’appellerait aujourd'hui l’Engissien !

Schmerling a donc tenté de réparer le crâne fossile. Mais à cette époque, on utilisait fréquemment des colles à base de restes de poisson ou de chèvre. Et ça a longtemps posé problème pour réussir à extraire l’ADN ancestral mais aussi pour donner une datation précise des restes fossiles réparés par ce procédé.

En 2021, des chercheurs anglais, français et belges – notamment de l’Université de Liège – utilisent une nouvelle méthode de datation isolant le collagène humain préservé dans les fossiles. Les résultats obtenus permettent de grandement repousser le moment de l’extinction des néanderthals en Europe, à 40-44 000 ans avant le présent. 

Le crâne de l’enfant d’Engis a été classé Trésor de la Fédération Wallonie-Bruxelles en 2012.  Il attire à l’EDDyLab, Evolution & Diversity Dynamics Lab de l'ULiège un grand nombre de chercheurs du monde entier.

Quant à Philippe-Charles Schmerling, ce n’est qu’après sa mort qu’il sera reconnu comme l’un des fondateurs de la paléoanthropologie : l’étude des humains fossiles et leurs cousins plus lointains.

 

Modèle 3D de l'enfant d'Engis  

Modèle 3D  de la maxillaire de l'enfant d'Engis

 

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Les collections de paléontologie


Photo ©Jean-Michel Bourdoux

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